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Soutenance de thèse Mireille COPIN "Conceptualisation et verbalisation de la collision instrumentée en français L2 : une étude expérimentale et longitudinale auprès d’adultes syriens réinstallés en France"
Publié le 27 novembre 2024 – Mis à jour le 17 décembre 2024
le 16 décembre 2024
14h
Campus du Mirail, Maison de la Recherche, D29Résumé
Contexte : La dimension socioculturelle de l’acquisition d’une langue seconde (L2) par des apprenants adultes dans le pays d’accueil a déjà fait l’objet d’études longitudinales. Notre étude revisite cette dimension dans une approche sociocognitive de l'acquisition du français L2 par des personnes syriennes réinstallées en France depuis quelques années. Dans le sillon des études néowhorfiennes du lien entre conceptualisation et verbalisation, notre recherche porte sur l'expression d'un événement complexe, la collision, dans un domaine conceptuel peu étudié, la cause. Ce travail a ainsi pour objectif de rendre compte de manière expérimentale et longitudinale de l'effet de l'interculturation et de la maîtrise du français sur la conceptualisation et verbalisation en français L2 d'un événement de collision. A cette fin, nous avons établi un cadre théorique intégratif du modèle psycholinguistique de conceptualiseur de Habel & Tappe (1999) et de la Théorie de la Segmentation des événements (Zacks et al. 2007) que nous avons appliqué à l’analyse de scènes de collision conçues pour vérifier le Principe d’Iconicité (Haiman 1983) formulé en sémantique typologique et l’hypothèse du Focus attentionnel (Swallow & Wang 2020) s’appuyant sur la psychologie culturelle.
Méthode : Notre étude longitudinale de la conceptualisation et verbalisation de la collision s’appuie sur deux tâches expérimentales, une tâche non linguistique de segmentation des événements de collision et une de verbalisation des mêmes événements avec enregistrement de mouvements oculaires. Ces événements varient selon deux conditions : la contiguïté (sous-événement causal et résultant contigus ou non) et le contexte culturel (protagonistes ressemblant physiquement aux participants syriens ou non). Les données de segmentation, verbalisation et suivi oculaire obtenues ont été confrontées aux auto-évaluations de la maîtrise du français des participants ainsi qu’aux scores du Vancouver Index of Acculturation. Pour vérifier l’effet des propriétés de l’événement de collision (contiguïté, contexte) et celui de l’expérience des participants (maîtrise, interculturation) sur la conceptualisation et la verbalisation aux deux temps de l’étude, nous avons réalisé des analyses qualitatives des énoncés et verbes de collision ainsi que des analyses quantitatives (modèles de régression logistique mixtes, tests de corrélations, analyses en clusters).
Résultats : Ce travail a démontré l’effet du degré d’interculturation des apprenants du français L2 sur la conceptualisation des événements (comportements et attention visuelle) notamment en interaction avec leur maîtrise du français : (1) une interculturation élevée envers la culture française conduit à une segmentation plus analytique ; (2) une maitrise plus élevée conduit à une restructuration des préférences de sens de lecture de la gauche vers la droite ; (3) en cas de maitrise moins élevée, le degré d’interculturation envers chaque culture (dominante et origine) influence les durées de fixation envers le causeur, l’interculturation envers la culture française conduisant à moins de fixations prolongées et inversement pour l’interculturation envers la culture syrienne. Ces résultats suggèrent qu’un développement langagier et conceptuel en français L2 est toujours possible après 5 ans d’immersion. Par ailleurs, il corrobore les résultats des études en sémantique typologique en montrant un effet du caractère [± contigu] d’une situation causale sur sa conceptualisation et sa verbalisation. Nos analyses montrent une nette préférence pour l'encodage du causeur en sujet de l'énoncé de collision, conformément au principe Agent en premier, et une sous-spécification de l'événement résultant. Conclusion : En acquisition de langue seconde, il apparait nécessaire de prendre en compte la relation entre le degré d’interculturation et le développement langagier, notamment lors du croisement entre données verbales et comportementales.
Membres du Jury
Amanda Edmonds, Professeure des universités, Université côte d'Azur, Rapporteure,
Eva Soroli, Professeure des universités, Université de Lille, Rapporteure,
Jürgen Bohnemeyer, Professor, University at Buffalo, Examinateur,
Barbara Köpke, Professeure des universités, Université Toulouse Jean Jaurès, Examinatrice,
Marianne Starren, Associate Professor, Radboud University, Examinatrice,
Cyrille Granget, Professeure des universités, Université Toulouse Jean Jaurès, Directrice de thèse,
Inès Saddour, Maître de conférence, Université Toulouse Jean Jaurès, co-Directrice de thèse