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[CLLE] Genre grammatical et genre naturel/social : une typologie (Xavier Bach)
Genre grammatical et genre naturel/social : une typologie Xavier Bach (UT2J / CLLE)
Corbett (2013) analyse un échantillon de 257 langues au niveau du genre grammatical. Sur cet échantillon, 112 langues marquent le genre grammatical, dont 84 avec un système qui fait sémantiquement référence au genre naturel/social. Une majorité des langues du monde qui marquent le genre grammatical le font donc en référence avec le genre naturel ou social (les autres notent majoritairement l’animation ou l’humanité).
Dans cette présentation, je reviens d’abord sur les notions théoriques de genre grammatical et d’accord, afin de distinguer l’assignation des noms à un genre donné (la plupart du temps fondée pour au moins certains noms sur des critères sémantiques), et l’accord, qui est lui purement grammatical. La référence au genre naturel/social dans la langue est d’ailleurs possible en dehors des systèmes de genre grammatical qui supposent l’accord (par exemple pour les noms d’agent en finnois ou en indonésien, ou le marquage de l’objet sur le verbe en I’saka, une langue de Papouasie). Ce type de marquage est souvent appelé ‘marquage du genre’ ce qui est problématique, puisqu’il ne s’agit pas de genre grammatical.
Le rapport au genre naturel/social dans l’assignation des noms à un genre prend plusieurs dimensions. La direction est importante : est-ce-que le genre naturel du référent prédit le genre grammatical ou est-ce l’inverse ? La symétrie compte aussi : en I’saka l’opposition est entre masculin et non-masculin, sans référence à un trait ‘féminin’.
Enfin, la dernière dimension est celle de la personne, qui distingue le genre référentiel et le genre indexical. A la première et à la deuxième personne, le marquage de genre, même adoptant les formes du genre grammatical, ne marque que le genre indexical, c’est à dire le genre naturel/social des personnes désignées.