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[CLLE] La « sensibilité lexicale » en formation initiale des enseignant.e.s du premier degré : un concept didactique opérationnel pour exprimer ses émotions ? (B. Parmentier)

Publié le 3 janvier 2025 Mis à jour le 3 janvier 2025
le 10 janvier 2025
12:45 - 14:00
Salle F223, Maison de la recherche (UT2J)

Le laboratoire CLLE organise régulièrement des séminaires en linguistique. Voir l'agenda sur le site du laboratoire : https://clle.univ-tlse2.fr/

Grosmann (2011) et Polguère (2016) soulignent l’importance d’avoir une représentation structurée du lexique à travers ses dimensions morphologique, sémantique et syntaxique. Tremblay et al. (2016) ajoutent à ces compétences cognitives deux composantes, les habiletés (comme la capacité à faire des inférences lexicales) d’une part et l’attitude face à la langue comme la manifestation de la sensibilité lexicale (Tremblay, 2021) d’autre part. Dans le cadre de cette présentation, nous nous intéresserons à cette dernière composante qui se décline en affects (plaisir de découvrir de nouveaux mots) et en valeurs (souci de varier son lexique en production écrite). Nous tenterons d’analyser des phénomènes linguistiques et métalinguistiques de l’expression des émotions dans le cadre de (ré)criture de textes créatifs et réflexifs en formation initiale des enseignant.e.s du premier degré (Master MEEF). Il s’agira dans un premier temps de faire prendre conscience aux étudiant.e.s de leur propre sensibilité lexicale en les interrogeant, face à un corpus de textes extraits d’albums de jeunesse, sur les mots qu’ils aiment et à dresser avec eux une typologie des raisons de leurs choix (sonorités, formes, sens, images suscitées, etc.). Dans un second temps, par la mise en activité d’écriture et de réécriture, nous les amènerons à documenter l’articulation entre sensibilité lexicale et création de textes (Genre 2024 Duvin-Parmentier 2024), en particulier en ce qui concerne le réemploi lexical. Éprouver ce dispositif permettra aux futurs enseignant.e.s de saisir par l’expérience intime, la part subjective de leur rapport à la langue.

Pour analyser les textes produits, nous nous appuyons sur les théories de la linguistique énonciative (Colas-Blaise, 2016 ; Rabatel 2019) initiées par Bally (1957) et Kerbrat-Orecchioni (1980). Rabatel considère les marques lexicales, modales et stylistiques comme des indices de l’appropriation subjective du matériau lexical par un sujet pour traduire ses affects et ses jugements axiologiques. Nous incluons à ce matériau linguistique les marques métascripturales. Par-là, nous entendons la ponctuation modale (points d’exclamation, d’interrogation et de suspension) qu’à la suite de Durrenmatt (2015) et Siouffi (2017), nous tenons pour un objet linguistique et iconique ainsi que la matérialité textuelle comme la mise en page et la typographie (Duvin-Parmentier, 2020).

Les enjeux d’une telle recherche sont d’ordre épistémologique (évaluation en amont et en aval du lexique des émotions) et praxéologiques (conception d’un dispositif innovant et prise en compte des dimensions cognitives et affectives de l’acquisition lexicale)