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Soutenance de thèse Anne-Flore GINDRE "Du rythme à la parole : effet d'amorces rythmiques langagières, non langagières et musicales modulées par l'engagement moteur sur le temps d'initiation de la parole"
Publié le 6 septembre 2024 – Mis à jour le 7 novembre 2024
le 26 septembre 2024
9H30
Salle D31, RDC du bâtiment Maison de la Recherche, UT2JComposition du jury
Mme Véronique BOULENGER, DDL - UMR 5596, CNRS & Université Lumière Lyon 2, Rapporteure
Mme Christelle DODANE, CLESTHIA - EA 7345, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Rapporteure
Mme Hélène LŒVENBRUCK, LPNC - UMR 5105, Université Grenoble Alpes, Examinatrice
M. Jérémy DANNA, CLLE - UMR 5263, Université Toulouse II Jean Jaurès, Examinateur
Mme Corine ASTÉSANO, LNPL - UR 4156, Université Toulouse II Jean Jaurès, Directrice de thèse
Mme Halima SAHRAOUI, LNPL - UR 4156, Université Toulouse II Jean Jaurès, Co-directrice de thèse
Résumé
Le rythme dans la parole est un phénomène complexe qui repose sur deux processus hiérarchiques pour décoder efficacement le signal continu de parole et permettre l’accès au sens : la segmentation en groupements pertinents (constituants prosodiques) et l’extraction d’une pulsation (récurrence des proéminences accentuelles). Les proéminences accentuelles attirent et guident l’attention de l’auditeur de syllabe accentuée en syllabe accentuée, instaurant une structure métrique sous-jacente qui permet d’anticiper les proéminences à venir, ce qui facilite leur traitement. Le paradigme de l’amorçage rythmique repose sur ce principe : les rythmes attentionnels de l’auditeur se couplent sur les périodicités d’un signal rythmique externe complexe (parole, musique), installant des repères temporels et métriques qui facilitent la perception et induisent également une structure métrique qui organise la production de parole subséquente.
Lorsque le rythme du flux de parole d’un locuteur ou les capacités de synchronisation rythmique d’un auditeur sont affectés, le couplage entre un rythme externe (parole) et les rythmes attentionnels peut être impacté, ce qui peut affecter la communication. Certains protocoles utilisent ainsi le rythme comme outil de rééducation de la parole et du langage. Cependant, l’effet différentiel des modalités rythmiques utilisées (auditif, moteur, verbal, musical) n’est généralement pas investigué, ce qui nous a amené à questionner l’effet de différents amorçages rythmiques sur le temps d’initiation de la parole. De plus, afin d’explorer plus avant le caractère supramodal du rythme, nous avons aussi questionné l’existence d’une période de référence supramodale et l’hypothèse d’un partage de mécanismes cognitifs pour le traitement du rythme et du langage.
Pour répondre à ces questionnements, nous avons élaboré un protocole expérimental constitué de deux activités réalisées par un échantillon de 40 adultes francophones neurotypiques. Dans une première activité visant à caractériser les capacités de traitement du rythme, nous avons recueilli des mesures relatives au Tempo Moteur Spontané (TMS) (période de référence et stabilité) et à la Synchronisation Sensori-Motrice (SMS) (stabilité et précision de la SMS). Dans une seconde activité (tâche de lecture à haute voix après différents types d’amorçages rythmiques, modulés par l’engagement moteur), nous avons analysé les erreurs de lecture et le Temps d’Initiation (TI) de la parole.
Nos résultats rapportent une fenêtre temporelle proche entre le TMS moyen global (712 ms) et le TI moyen de la parole (873 ms), sans que ces mesures soient corrélées. Concernant l’effet de l’amorçage rythmique sur la facilitation de la production de parole, nos résultats montrent un effet facilitant d’un amorçage auditif avec engagement moteur du participant par rapport à un amorçage auditif sans engagement moteur, ainsi qu’un effet facilitant d’un amorçage de type non langagier par rapport à un amorçage langagier (effet significatif) et un amorçage musical (tendance). Nos résultats montrent une différence de sensibilité à la congruence métrique de l’amorçage selon la structure métrique de l’amorce. Enfin, concernant l’hypothèse de mécanismes cognitifs partagés entre le traitement du rythme et du langage, nos résultats montrent que les participants les plus stables et précis dans les tâches de TMS et de SMS présentent un TI le plus lent et un nombre d’erreurs de lecture moindre (tendance).
Notre étude encourage ainsi à intégrer différentes modalités rythmiques comme perspective en remédiation de troubles de la parole, notamment l’amorçage rythmique auditif avec engagement moteur et l’amorçage rythmique de type vocal non langagier. Notre étude encourage d’autre part à affiner les hypothèses à propos de mécanismes cognitifs partagés entre rythme et langage, dans le but de mieux tenir compte des capacités de traitement du rythme pour l’évaluation des capacités de traitement du langage.
Mots-clés : rythme, parole, sensorimotricité, supramodalité du rythme, amorçage, temps d'initiation de la parole