Motion du département des Sciences du Langage contre la LPPR

Les membres du département de Sciences du langage de l’Université Toulouse II-Jean Jaurès, réunis en AG le 2 mars 2020 ont voté la motion suivante :

 
« Les membres du département de Sciences du langage de l’Université Toulouse II-Jean Jaurès expriment leur inquiétude quant à l’avenir du système public de l’enseignement supérieur. Dans un contexte de précarité croissante pour les étudiants et de dégradation des conditions de travail des personnels enseignant et administratif (sous-effectif structurel de l’équipe statutaire et recours massif aux vacataires, augmentation perpétuelle des tâches administratives, sous-financement de la recherche à laquelle ils ont de moins en moins de temps à consacrer), il leur parait nécessaire et urgent de rendre publique leur opposition à des projets qui situent leurs conditions de travail dans la continuité d’une logique marchande et compétitive. 
 
Informés du contenu des trois rapports de préparation à la LPPR (Loi pluriannuelle de programmation de la recherche), les membres du département de Sciences du langage s’inquiètent du flou qui entoure le projet de loi et rappellent qu’ils sont opposés à toute mesure conduisant à précariser davantage encore l’emploi universitaire par le développement de contrats et de dispositifs non pérennes (Tenure track, « CDI sur projet »). Associée à la réforme des retraites qui entraînera mécaniquement une baisse des pensions de plusieurs centaines d’euros , cette précarisation est en totale contradiction avec la volonté de favoriser « l’attractivité du métier » qui est pourtant mise en avant dans les rapports.
 
Le département de Sciences du langage est opposé à toute politique de développement d’une recherche financée sur projet au détriment d’un financement par budgets récurrents des unités de recherche, politique qui ne fera qu’accentuer la compétition entre laboratoires. Le département affirme au contraire son soutien aux logiques de coopération scientifique contre la mise en concurrence systématique, et son attachement au pluralisme et à la liberté de la recherche.
 
Le département de Sciences du langage est opposé à la remise en cause du statut d’enseignant-chercheur impliqué par la suppression du référentiel des 192h et la disparition de la clause d’accord pour la modulation du service, qui conduiront inévitablement à une augmentation des services des enseignants sans compensation financière, et à un éloignement de la recherche.
 
Le département de Sciences du langage regrette que, en dépit d’un constat d’une situation « critique et alarmante » des rémunérations des personnels de support et de soutien, aucune revalorisation de salaire pour ces personnels ne soit prévue dans les trois rapports.
 
Le département de Sciences du langage exige le maintien des structures paritaires d’évaluation. En particulier, la remise en cause des fonctions du CNU et de la collégialité de l’évaluation des carrières par les pairs ouvrira la porte aux dérives localistes pourtant dénoncées dans les rapports.
 
Le département de Sciences du langage réaffirme son attachement au modèle d’enseignement supérieur et de recherche français et son adhésion aux conclusions de la consultation réalisée en 2019 par les sociétés savantes et aux propositions élaborées au printemps 2019 par le Comité National de la Recherche Scientifique et notamment :
 
- L’augmentation du budget des ressources publiques afin d’atteindre au total 3 % du PIB consacrés à la recherche ;
- Le renforcement de l’emploi permanent et statutaire, pour lutter contre la précarité croissante des docteurs et des personnels de l’ESR ;
- La garantie et l’augmentation significative des budgets récurrents des laboratoires afin de permettre à toutes et tous les scientifiques d’avoir les moyens de mener leurs missions sans avoir nécessairement à recourir à des appels à projets chronophages et stérilisants ;
- Le retour à un équilibre entre enseignement et recherche selon les meilleures normes internationales, avec des sabbatiques réguliers, l’allégement des charges administratives et le refus de l’augmentation du service d’enseignement.
 
 
 Les membres du département de Sciences du langage dénoncent ainsi fermement les évolutions en cours et revendiquent de travailler dans le cadre d’un véritable service public de l’enseignement et de la recherche de qualité, ce pour quoi ils ont choisi ce métier. »
 
 L'AG SDL demande à ce que cette motion soit transmise à la présidence de l'université via la direction de l'UFR.